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points essentiels sur lesquels elle se sépare de la politique bismarckienne. Le point principal, et on pourrait dire unique, est celui-ci : M. Marx est démocrate, socialiste autoritaire, et républicain ; M. de Bismarck est un Junker poméranien, aristocrate et monarchiste quand même. La différence |50 est donc très grande, très sérieuse, et des deux côtés elle est également sincère. Sous ce rapport, il n’y a point d’entente ni de réconciliation possible entre M. de Bismarck et M. Marx. En dehors même de tant de gages irrécusables que M. Marx, pendant toute sa vie, a donnés à la cause de la démocratie socialiste, sa position même et son ambition donnent à cet égard une garantie certaine. Dans une monarchie, si libérale qu’elle fût, ou même une République conservatrice à la façon de M. Thiers, il ne peut y avoir aucune place, aucun rôle pour M. Marx, à plus forte raison dans l’Empire prusso-germanique fondé par M. de Bismarck, avec un empereur croquemitaine, caporal et dévot pour chef, et avec tous les barons et tous les bureaucrates de l’Allemagne pour gardiens. Avant d’arriver au pouvoir, M. Marx devra balayer tout cela. Donc, il est forcément révolutionnaire.

Voilà ce qui sépare M. Marx de M. de Bismarck : c’est la forme et les conditions du gouvernement. L’un est aristocrate et monarchiste quand même ; l’autre est quand même démocrate, républicain, et, par-dessus le marché, démocrate socialiste et républicain socialiste.