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dévoués de leur émancipation. Combien M. Veuillot n’est-il pas plus franc, plus logique et plus vrai, en constatant la profonde similitude qui existe entre la Saint-Barthélémy, par exemple, et le massacre des communards |44 par ces excellents catholiques de Versailles, dirigés par la Catherine de Médicis de nos jours, M. Thiers ? Il a mille fois raison de dire que le protestantisme alors, non comme théologie calviniste, mais comme protestation énergique et armée, représentait la révolte, la liberté, l’humanité, la destruction de l’État ; tandis que le catholicisme c’était l’ordre public, l’autorité, la loi divine, le salut de l’État par l’Église et de l’Église par l’État, la condamnation de l’humaine société à un asservissement sans limite et sans fin.

Tout en reconnaissant l’inévitabilité du fait accompli, je n’hésite pas à dire que le triomphe du catholicisme en France au seizième et au dix-septième siècles fut un grand malheur pour l’humanité tout entière, et que la Saint-Barthélemy, aussi bien que la révocation de l’édit de Nantes, furent des faits aussi désastreux pour la France elle-même que l’a été dernièrement la défaite et le massacre du peuple de Paris. Il m’est arrivé d’entendre des Français très intelligents et très estimables expliquer cette défaite du protestantisme en France par la nature essentiellement révolutionnaire du peuple français. « Le protestantisme, disaient-ils, n’a été qu’une demi-révolution ; il nous fallait la révolution tout entière, c’est pour cela que la nation française n’a