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puissance politiques. Ce sont l’Angleterre et les États-Unis d’Amérique. La liberté y est plus qu’un droit politique. C’est la nature sociale de tout le monde, tellement générale que les étrangers eux-mêmes les plus déshérités, les plus misérables, y jouissent de cette liberté aussi pleinement que les citoyens les plus riches et les plus influents. Ils en jouissent sans en être aucunement redevables aux gouvernements de ces pays, et sans que ces gouvernements aient la moindre possibilité de restreindre leurs droits, qui, sous le rapport de la liberté, sont égaux aux droits de tout le monde. Nous savons ce qu’il en a coûté, après l’attentat d’Orsini, à Lord Palmerston, l’un des ministres les plus populaires qu’il y ait eu jamais en Angleterre, pour avoir tenté de soumettre la liberté des étrangers à l’arbitraire ministériel. L’indignation unanime du peuple anglais le renversa d’un seul coup.

Le fait que je viens de rappeler prouve aussi que cette liberté du peuple anglais constitue une véritable puissance, ce que l’on appelle la puissance de l’opinion, non pas seulement de l’opinion |36 des classes politiques ou privilégiées, mais la véritable puissance de l’opinion populaire, puissance qui existe comme un fait social et qui agit comme une force toujours latente et toujours prête à se réveiller et à se faire sentir, en dehors et au-dessus de toutes les formes politiques et des droits explicitement exprimés et consacrés par la constitution anglaise. Non seulement aujourd’hui que les droits