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bien sincèrement, cet antagonisme, qui rend absolument impossible toute participation des masses à l’action politique de l’État ? Car cette action, en dehors de la bourgeoisie, n’est point praticable ; elle n’est possible que lorsqu’elle se développe de concert avec une partie quelconque de cette classe et se laisse diriger par des bourgeois. M. Marx ne peut ignorer tout cela ; et d’ailleurs ce qui se passe aujourd’hui à Genève, à Zürich, à Bâle, et dans toute l’Allemagne, devrait bien lui ouvrir les |33 yeux, s’il les avait fermés sur ce point, ce que je ne crois franchement pas. Il m’est impossible de le croire après avoir lu le discours qu’il a prononcé dernièrement à Amsterdam, et dans lequel il a dit que dans certains pays, peut-être en Hollande même, la question sociale pouvait être résolue paisiblement, légalement, sans lutte, à l’amiable, ce qui ne peut signifier autre chose que ceci : elle peut se résoudre par une série de transactions successives, pacifiques, volontaires et sages, entre la bourgeoisie et le prolétariat. Mazzini n’a jamais dit autre chose.

Enfin Mazzini et Marx s’accordent encore sur ce point capital, que les grandes réformes sociales qui doivent émanciper le prolétariat ne peuvent être réalisées que par un grand État démocratique, républicain, très puissant et fortement centralisé, et que pour le propre salut du peuple, pour pouvoir lui donner l’instruction et le bien-être, il faut lui imposer, au moyen de son propre suffrage, un gouvernement très fort.