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Maintenant il faut au contraire l’appeler sur la place publique. Comment le soulever ?

Faire appel à ses instincts socialistes ? C’est impossible. Ce serait le moyen le plus sûr pour ameuter contre soi et contre la république qu’on rêve toute la classe des capitalistes et des propriétaires, et c’est précisément avec eux qu’on veut vivre et qu’on veut constituer le nouveau gouvernement. On ne constitue pas un gouvernement régulier avec des masses barbares, ignorantes, anarchiques, surtout quand ces masses ont été soulevées au nom de leurs revendications économiques par la passion de la justice, de l’égalité, et de leur réelle liberté qui est incompatible avec quelque gouvernement que ce soit. Donc, il faut éviter la question sociale, et s’efforcer de réveiller chez les travailleurs les passions politiques et patriotiques, grâce auxquelles leur cœur pourra battre à l’unisson avec le cœur des bourgeois, et leur bras sera disposé à rendre aux politiciens radicaux de cette classe le service précieux qu’ils demandent, celui de renverser le gouvernement de la monarchie.

Mais nous avons vu que les grèves ont pour premier effet de détruire cette harmonie touchante et si profitable à la bourgeoisie, en rappelant au prolétariat qu’il existe entre elle et lui un abîme, et en réveillant en son sein des passions socialistes qui sont absolument incompatibles avec les passions politiques et patriotiques. Donc, Mazzini a eu mille fois raison : il faut condamner les grèves.

Il s’est montré en ceci mille |32 fois plus logique