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Il est vrai que c’est une position politique absolument négative, et la grande faute, pour ne point dire la trahison et le crime des démocrates socialistes qui entraînent le prolétariat de l’Allemagne dans les voies du programme marxien, c’est d’avoir voulu transformer cette attitude négative en une coopération positive à la politique des bourgeois.

L’Internationale, en mettant ainsi le prolétariat en dehors de la politique des États et du monde bourgeois, |29 constitue un monde nouveau, le monde du prolétariat solidaire de tous les pays. Ce monde est celui de l’avenir ; c’est d’un côté l’héritier légitime, mais en même temps le démolisseur et l’enterreur de toutes les civilisations historiques, privilégiées, et comme telles complètement épuisées et condamnées à mourir ; par conséquent le créateur obligé d’une civilisation nouvelle, fondée sur la ruine de toutes les autorités divines et humaines, de tous les esclavages et de toutes les inégalités. Telle est la mission, et par conséquent tel est le vrai programme de l’Internationale, non officiel, — tous les dieux des paradis païens et chrétiens nous en gardent ! — mais implicite, inhérent à son organisation même.

Son programme officiel, je le répéterai mille fois, est tout simple et en apparence très modeste : c’est l’organisation de la solidarité internationale pour la lutte économique du travail contre le capital. De cette base d’abord exclusivement matérielle doit surgir tout le monde social, intellectuel et moral