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spontanée de la vérité politique et philosophique par le prolétariat lui-même. Je m’en vais maintenant essayer de montrer comment cette recherche s’effectue au sein même de l’Internationale.

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Les travailleurs, ai-je dit, n’entrent dans l’Internationale et ne s’y organisent d’abord que dans un but éminemment pratique, celui de la revendication solidaire de la plénitude de leurs droits économiques contre l’exploitation oppressive de la bourgeoisie de tous les pays. Remarquez que par ce seul fait, — inconscient, si vous voulez, d’abord, — le prolétariat se place déjà, sous un double aspect, dans une situation très décisivement, mais aussi très négativement, politique. Il détruit, d’un côté, les frontières politiques et toute la politique internationale des États, en tant que fondée sur les sympathies, sur la coopération volontaire et sur le fanatisme patriotique des masses asservies ; et, de l’autre, il creuse l’abîme entre la bourgeoisie et le prolétariat, et place ce dernier en dehors de l’action et du jeu politiques de tous les partis de l’État ; mais, en le mettant en dehors de toute politique bourgeoise, il le tourne nécessairement contre elle.

Donc voilà une position politique toute déterminée, dans laquelle le prolétariat se trouve placé, inconsciemment d’abord comme je viens de le dire, par le seul fait de son adhésion à l’Internationale.