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d’une émancipation réelle, comme la seule politique pour lui vraiment salutaire, la politique exclusivement négative de la démolition des institutions politiques, |8 du pouvoir politique, du gouvernement en général, de l’État, et, comme conséquence nécessaire, l’organisation internationale des forces éparses du prolétariat en une puissance révolutionnaire dirigée contre toutes les puissances constituées de la bourgeoisie.

Les démocrates socialistes de l’Allemagne recommandent tout au contraire, aux travailleurs qui ont le malheur de les écouter, d’adopter, comme but immédiat de leur association, l’agitation légale pour la conquête préalable des droits politiques ; ils subordonnent, par là même, le mouvement pour l’émancipation économique au mouvement d’abord exclusivement politique, et, par ce renversement évident de tout le programme de l’Internationale, ils ont comblé d’un seul coup l’abîme qu’elle avait ouvert entre le prolétariat et la bourgeoisie. Ils ont fait mieux que cela, ils ont attaché le prolétariat à la remorque de la bourgeoisie. Car il est évident que tout ce mouvement politique prôné par les socialistes de l’Allemagne, puisqu’il doit précéder la révolution économique, ne pourra être dirigé que par des bourgeois, ou, ce qui sera pis encore, par des ouvriers transformés par leur ambition, par leur vanité en bourgeois ; et se passant, en réalité, et comme tous ses prédécesseurs, au-dessus de la tête du prolétariat, ce mouvement ne pourra manquer de