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des travailleurs pour conquérir leur émancipation ne doivent pas tendre à constituer de nouveaux privilèges, mais à établir pour tous les mêmes droits et les mêmes devoirs ;

« Que l’asservissement du travailleur au capital est la source de toute servitude : politique, morale et matérielle ;

« Que, pour cette raison, l’émancipation économique des travailleurs est le grand but auquel doit être subordonné tout mouvement politique[1] », etc.

Voilà la phrase décisive de tout le programme de l’Internationale, Elle a coupé le câble, pour me servir de l’expression mémorable de Sieyès, elle a brisé les liens qui tenaient enchaîné le prolétariat à la politique bourgeoise. En reconnaissant la vérité qu’elle exprime et en s’en pénétrant chaque jour davantage, le prolétariat a résolument tourné le dos à la bourgeoisie, et chaque pas qu’il |7 fera en avant élargira davantage l’abîme qui les sépare désormais.

L’Alliance, section de l’Internationale à Genève, avait traduit et commenté ce paragraphe des considérants en ces termes :

« L’Alliance repousse toute action politique qui

  1. Ce texte des considérants est celui qui, après avoir été publié en français à Paris en janvier 1865, fut adopté définitivement par le Congrès de Genève en septembre 1866, concurremment avec le texte anglais et le texte allemand. Mais on sait que le texte anglais ou original (rédigé par Marx) contenait trois mots de plus qui furent omis dans la version française : il ajoutait à la fin du troisième considérant les mots as a means, « comme un moyen », mots qui furent le motif de tant de querelles par la suite. — J. G.