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bourgeois, ou bien de quelques rares ouvriers qui cherchent à monter sur leurs épaules pour devenir des bourgeois dominateurs et exploiteurs à leur tour, la repousseront avec dédain et colère, et qu’ils embrasseront avec autant de passion que le font aujourd’hui les ouvriers des grands pays méridionaux, la France, l’Espagne, l’Italie, aussi bien que les ouvriers hollandais et belges, le vrai programme de l’émancipation ouvrière, celui de la destruction des États.

En attendant, nous reconnaissons parfaitement leur droit de marcher dans la voie qui leur paraît la meilleure, pourvu qu’ils nous laissent la même liberté. Nous reconnaissons même qu’il est fort possible que par toute leur histoire, leur nature particulière, l’état de leur civilisation et toute leur situation actuelle, ils soient forcés de marcher dans cette voie. Que les travailleurs allemands, américains et anglais s’efforcent donc de conquérir le pouvoir politique, puisque cela leur plaît. Mais qu’ils permettent aux travailleurs des autres pays de marcher avec la même énergie à la destruction de tous les pouvoirs politiques. La liberté pour tous et le respect mutuel de cette liberté, ai-je dit, telles sont les conditions essentielles de la solidarité internationale.

Mais M. Marx ne veut évidemment pas de cette solidarité, puisqu’il refuse de reconnaître cette liberté. Pour appuyer ce refus, il a une théorie toute spéciale, qui n’est, d’ailleurs, qu’une conséquence