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seil général provisoire, et qui a été éliminé du programme de l’Internationale par le Congrès de Genève de 1866, c’est la CONQUÊTE DU POUVOIR POLITIQUE PAR LA CLASSE OUVRIÈRE.

On comprend que des hommes aussi indispensables que MM. Marx et Engels soient les partisans d’un programme qui, en consacrant et en préconisant le pouvoir politique, ouvre la porte à toutes les ambitions. Puisqu’il y aura un pouvoir politique, il y aura nécessairement des sujets, travestis républicainement en citoyens, il est vrai, mais qui n’en seront pas moins des sujets, et qui comme tels seront forcés d’obéir, parce que sans obéissance il n’y a point de pouvoir possible. On m’objectera qu’ils n’obéiront pas à des hommes, mais à des lois qu’ils auront faites eux-mêmes. À cela je répondrai que tout le monde sait comment, dans les pays les plus démocratiques, les plus libres, mais politiquement gouvernés, le peuple fait les lois, et ce que signifie son obéissance à ces lois. Quiconque n’a pas le parti pris de prendre des fictions pour des réalités devra bien reconnaître que, même dans ces pays, le peuple obéit non à des lois qu’il fait réellement lui-même, mais à des lois qu’on fait en son nom, et qu’obéir à ces lois n’a jamais d’autre sens pour lui que de se soumettre à l’arbitraire d’une minorité tutélaire et gouvernante quelconque, ou, ce qui veut dire la même chose, d’être librement esclave.

|26 Il est dans ce programme une autre expression qui nous est profondément antipathique, à nous