Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais dans l’immense majorité des démocrates socialistes eux-mêmes, à côte du chagrin très réel qu’ils éprouvaient en voyant une république succomber sous les coups d’un despote, il y a eu une satisfaction générale en présence de la France tombée si bas et de l’Allemagne montée si haut. Même chez ceux d’entre eux qui luttèrent le plus courageusement contre ce courant patriotique qui avait envahi toute l’Allemagne, même chez MM. Bebel et Liebknecht qui avaient payé et qui paient encore de leur liberté leurs protestations énergiques contre la barbarie prussienne, au nom des droits de la France, on a pu remarquer les traces indubitables de ce triomphe national. Par exemple, je me souviens d’avoir lu dans un des numéros de septembre 1870 du Volksstaat la phrase suivante, dont, n’ayant pas le numéro sous mes yeux, je ne puis maintenant reproduire le texte précis, mais dont le sens m’avait trop vivement frappé pour que j’aie pu en oublier le sens et le ton général : « Maintenant — disait-on, — que, par suite de la défaite de la France, l’initiative du |24 mouvement socialiste est passée de la France en Allemagne, de grands devoirs nous incombent[1]. »

  1. Le texte exact de cette phrase, empruntée à une lettre écrite par Marx à ses amis d’Allemagne, est : « Cette guerre a transféré le centre de gravité du mouvement ouvrier continental de France en Allemagne » (Dieser Krieg hat den Schwerpunkt der kontinentalen Arbeiterbewzgung von Frankreich nach Deutschland verlegt). La phrase fut publiée en septembre 1870 dans un manifeste du Comité central du Parti ouvrier de la démocratie sociale en Allemagne. Voir L’Internationale, Documents et Souvenirs, tome II, pages 88-89. — J. G.