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la fameuse Conférence de Londres, qu’a commencé la guerre décisive, ouverte, contre nous ; ouverte autant que, de la part d’hommes aussi gouvernementaux et prudents que M. Marx et ses adeptes, elle pouvait l’être.

La catastrophe de la France semble avoir réveillé dans le cœur de M. Marx de fortes espérances, en même temps que les triomphes de M. de Bismarck — que dans |23 une lettre semi-officielle[1] que j’ai sous les yeux, M. Engels, l’alter ego et l’ami le plus intime de M. Marx, préconise comme un serviteur très utile de la révolution sociale — ont éveillé en lui une très grande jalousie. Comme Allemand il en a été naturellement fier, comme démocrate socialiste il s’en est consolé avec M. Engels par la pensée qu’à la fin des comptes ce triomphe de la monarchie prussienne devait tourner tôt ou tard à celui du grand État républicain et populaire dont il est le patron ; mais comme individu il a été cruellement mortifié de voir un autre que lui faire autant de bruit et monter si haut.

J’en appelle au souvenir de tous ceux qui ont eu l’occasion d’entendre et de voir les Allemands pendant les années 1870 et 1871. Pour peu qu’ils se soient donné un peu de peine à démêler le fond de leur pensée à travers les contradictions d’un langage équivoque, ils diront avec moi qu’à très peu d’exceptions près, non seulement chez les radicaux,

  1. Adressée à Carlo Cafiero. Voir L’Internationale, Documents et Souvenirs, tome II, pages 286 et 290. — J. G.