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intime de M. Marx, composé presque exclusivement d’Allemands, et qui remplissait en quelque sorte les fonctions d’un comité exécutif : ce comité savait tout, décidait tout, faisait tout. Les autres membres, formant la grande majorité du Conseil général, par contre, ignorèrent absolument tout. On poussa la complaisance envers eux[1] |17 jusqu’à leur épargner la peine de signer leurs noms sur les circulaires du Conseil général ; on les y mettait pour eux, de sorte que, jusqu’au dernier moment, ils n’eurent pas même la moindre idée de toutes les abominations dont on les a rendus responsables à leur insu.

On conçoit quel parti devaient tirer d’une situation aussi favorable des hommes comme M. Marx et ses amis, politiciens trop habiles pour s’arrêter devant aucuns scrupules. Il n’est pas besoin de dire, je pense, quel fut le but de la grande intrigue. C’était l’établissement de la dictature révolutionnaire de M. Marx en Europe, au moyen de l’Internationale. Alberoni[2] nouveau, M. Marx s’est senti l’audace suffisante pour concevoir et pour réaliser une telle pensée. Quant aux moyens d’exécution, je dois observer qu’il en a parlé avec une légèreté et un dédain peu sincères dans son dernier discours d’Amsterdam. Il est vrai, comme il l’a dit, que pour soumettre le monde il n’a à sa disposition ni armées,

  1. Ici commence la partie conservée du manuscrit original (pages 17-31). — J. G.
  2. Le cardinal Alberoni, ministre du roi d’Espagne Philippe V, avait formé de vastes projets, qui échouèrent, pour s’assurer la suprématie en Europe. — J. G.