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toute-puissante, ils étaient devenus eux-mêmes des membres du Conseil général de Londres.

Dans le commencement cet accord a dû être parfait, car, autoritaires et amoureux du pouvoir les uns et les autres, ils étaient unis par leur haine commune contre nous autres, les adversaires irréconciliables de tout pouvoir et de tout gouvernement et, par conséquent, aussi de celui qu’ils se proposaient d’établir dans l’Internationale. Et tout de même leur alliance ne pouvait être de longue durée, car M. Marx ne voulant point partager son pouvoir, et eux ne pouvant lui concéder la dictature de la France, il était impossible qu’ils restassent longtemps amis. C’est ainsi qu’avant même le Congrès de la Haye, alors que toutes les apparences de l’amitié la plus tendre existaient encore entre eux, M. Marx et ses intimes avaient décidé l’expulsion des blanquistes du Conseil général. Le Volksstaat l’avoue rondement, et il ajoute que, puisqu’il était impossible de les en éloigner tant que le Conseil général resterait à Londres, on avait décidé la translation de ce dernier en Amérique.

L’autre raison, également avouée par le Volksstaat, c’est l’insubordination désormais manifeste des ouvriers d’Angleterre. Voilà un aveu qui a dû être pénible à M. Marx, car c’est celui d’un très grand échec. En dehors de sa science économique, incontestablement très sérieuse, très profonde, et à côté de son talent également remarquable et incontestable d’intrigant politique, M. Marx, pour magné-