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masses, constituera la future révolution sociale ?

Et que penser d’un Congrès international qui, dans l’intérêt soi-disant de cette révolution, impose au prolétariat de tout le monde civilisé un gouvernement investi de pouvoirs dictatoriaux, avec le droit inquisitorial et pontifical de suspendre des fédérations régionales, d’interdire des nations entières au nom d’un principe soi-disant officiel et qui n’est autre que la propre pensée de M. Marx, transformée par le vote d’une majorité factice en une vérité absolue ? Que penser d’un Congrès qui, pour rendre sans doute sa folie plus ostensible encore, relègue en Amérique ce gouvernement dictatorial, après l’avoir composé d’hommes probablement très honnêtes, mais obscurs, suffisamment ignorants et absolument inconnus à lui-même ? Nos ennemis les bourgeois auraient donc raison lorsqu’ils se moquent de nos congrès et lorsqu’ils prétendent que l’Association internationale des travailleurs ne combat les vieilles tyrannies que pour en établir une nouvelle, et que, pour remplacer dignement les absurdités existantes, elle veut en créer une autre !

Pour l’honneur et pour le salut même de l’Internationale, ne devons-nous pas, par conséquent, nous empresser de proclamer bien haut que ce malencontreux Congrès de la Haye, loin d’avoir été l’expression des aspirations de tout le prolétariat de l’Europe, n’a été en effet, malgré toutes les apparences de régularité dont on a voulu l’entourer, rien que le triste produit du mensonge, de l’intrigue et d’un