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qu’un nouveau concile œcuménique des marxiens les excommunie et les déclare rejetés du sein de l’Internationale, la solidarité économique qui existe nécessairement, naturellement et de fait entre le prolétariat de tous ces pays et celui de l’Allemagne en sera-t-elle diminuée ? Que les ouvriers de l’Allemagne fassent une grève, qu’ils se révoltent contre la tyrannie économique de leurs patrons, ou qu’ils se révoltent contre la tyrannie politique d’un gouvernement qui est le protecteur naturel des capitalistes et autres exploiteurs du travail populaire, le prolétariat de tous ces pays excommuniés par les marxiens restera-t-il les bras croisés, spectateur indifférent de cette lutte ? Non, il leur donnera tout son pauvre argent et, qui plus est, il donnera tout son sang à ses frères de l’Allemagne, sans leur demander préalablement quel sera le système politique dans lequel ils croiront devoir chercher leur délivrance.

Voilà donc où se trouve la véritable unité de l’Internationale : elle est dans les aspirations communes et dans le mouvement spontané des masses populaires de tous les pays, et non dans un gouvernement quelconque, ni dans une théorie politique uniforme, imposée par un Congrès général à ces masses. C’est tellement évident, qu’il faut être bien aveuglé par la passion du pouvoir pour ne point le comprendre.

Je conçois à la rigueur que les despotes couronnés ou non couronnés aient pu rêver le sceptre du