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qu’en 1848 que commença la réaction active de la province contre Paris, car jusque-là Paris, soit dans le sens de la Révolution, soit dans celui de la réaction, décida toujours du sort de la France, aveuglément obéi par la province qui le jalousait, qui le détestait même autant qu’elle le redoutait, mais qui ne se sentait pas la force de lui résister. Paris ayant proclamé la République en 1848, la province, quoique monarchiste jusqu’aux os, n’osa pas se prononcer en faveur de la monarchie. Elle envoya donc à Paris, comme députés à l’Assemblée constituante, des gentilshommes campagnards qui avaient été nourris dans la haine de la République, comme elle-même, mais qui, également intimidés et déconcertés par le triomphe de la République à Paris, s’étaient présentés à leurs électeurs comme des partisans convaincus de cette forme de gouvernement.

La seconde raison fut l’impulsion unanime que lui avait donnée le clergé, qui déjà alors, quoique bien moins qu’aujourd’hui, dominait la province. Quiconque a vécu dans ce temps se souvient de l’unanimité hypocrite de l’Église en faveur de la République. Cette unanimité s’explique par un mot d’ordre parti de Rome et aveuglément obéi par tous les prêtres de France, depuis les cardinaux et les évêques jusqu’aux plus humbles desservants des pauvres églises des campagnes.

|44 La Rome jésuitique et papale est une monstrueuse araignée qui est éternellement occupée à réparer les déchirures, faites par des événements