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la République que l’Assemblée constituante de 1848, issue du suffrage universel, fut nommée. Sur toute la surface de la France, aucun candidat ne se présenta à ses électeurs comme partisan de la monarchie ; tous s’offrirent et tous furent élus au nom de la République. Aussi la proclamation immédiate de la République par cette Assemblée fut-elle faite d’emblée. Comment la réaction monarchiste la plus acharnée, la plus fanatique et la plus cruelle que la France ait vue put-elle en sortir bientôt après ?

Cette contradiction apparente s’explique facilement. Grâce au suffrage universel, qui donne, sous le rapport du nombre, un avantage si marqué aux campagnes sur les villes, la grande majorité de l’Assemblée constituante avait été prise dans cette bourgeoisie rurale dont nous venons d’étudier le caractère, les sentiments, l’esprit et les mœurs. On conçoit qu’elle n’était rien moins que libérale et qu’elle ne pouvait pas être républicaine. Pourquoi donc s’était-elle présentée comme telle à ses électeurs, et pourquoi commença-t-elle par proclamer la République ? Ceci s’explique encore par deux raisons : la première, c’est qu’elle avait été ahurie, aussi bien que le clergé de France, son directeur spirituel et temporel, par les événements de Paris. Aujourd’hui même, après la défaite de la Commune, Paris reste encore une grande puissance. En 1848, il |43 l’était beaucoup plus. On peut dire que depuis Richelieu et depuis Louis XIV surtout, toute l’histoire de France s’était faite à Paris. Ce ne fut