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chrétienne n’était-elle pas celle de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, et le Christ ne fut-il pas l’ami du peuple et le premier révolutionnaire du monde ! » Voilà ce qui fut proclamé, non pas par quelques philosophes hérétiques et audacieux de l’école de Lamennais et de Bûchez, mais dans toutes les églises, par les prêtres ; et les prêtres partout, portant le crucifix à l’encontre du drapeau rouge, symbole de l’émancipation populaire, bénirent les arbres de liberté. Les élèves de l’École polytechnique, les étudiants en sciences morales, en philosophie, en philologie, en histoire et en droit, y compris les auditeurs enthousiastes de MM. Michelet et Quinet, tous également abêtis par un idéalisme malsain, plein d’incongruités métaphysiques et d’équivoques pratiques, — nourriture intellectuelle d’ailleurs tout à fait convenable pour de jeunes bourgeois, la vérité pure, les déductions sévères de la science n’étant pas trop digestives pour cette classe, — en pleurèrent d’émotion et de joie. Seules, les vieilles douairières du faubourg Saint-Germain branlèrent leurs têtes, protestant contre cette réconciliation monstrueuse de la croix avec le drapeau de la Révolution. |42 Les Jésuites eurent beau leur expliquer que ce n’était rien qu’une feinte salutaire, elles n’y virent qu’un sacrilège. Elles eurent mille fois raison, et seules, dans le camp de la ci-devant réaction, elles restèrent honnêtes et imperturbablement bêtes.

C’est au milieu d’un enthousiasme universel pour