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moralisation complète, reste infiniment supérieure. Elle a la science, elle a la pratique des affaires, elle a l’habitude de l’administration et la routine du commandement. Seulement elle ne peut plus |29 profiter de tout cela, parce qu’elle a perdu toute foi en ses propres principes et en elle-même, parce qu’elle est devenue lâche, parce que de toutes ses anciennes passions politiques et sociales elle n’en a plus conserve qu’une seule, celle du lucre ; parce que, déchirée en elle-même par des contradictions insolubles, elle ne forme plus un corps organisé et compact, elle n’est proprement plus une classe, mais une immense quantité d’individus qui se détestent et qui se défient les uns des autres ; parce qu’enfin cette masse d’individus citadins et bourgeois, n’ayant désormais entre eux d’autre lien que la peur immense que leur cause le socialisme, se voient forcés de chercher aujourd’hui leur salut dans un monde qui est l’antipode de leur monde, traditionnellement rationnel et libéral ; et que dans ce monde de la réaction soldatesque et cléricale, désorientés, dépaysés, méprisés et se méprisant eux-mêmes, ils se montrent nécessairement plus bêtes que les plus bêtes, plus ignorants que les plus ignorants, et mille fois plus lâches que les enfants de la caserne et de la sacristie.

Pour toutes ces raisons, la bourgeoisie des villes a été forcée d’abdiquer. Sa domination est finie ; mais il ne s’ensuit pas que la domination de la bourgeoisie des campagnes ait commencé. Elle s’est