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assassins de profession, les odieux mercenaires de la force brutale et inique, des généraux, des officiers, des soldats, veulent bien mettre dans ses mains suppliantes et tremblantes leurs mains toutes dégouttantes du sang du prolétariat ! Être réduite à glorifier cette sacristie et cette caserne comme la plus haute expression de la civilisation moderne ! Tout cela est rigoureusement imposé aujourd’hui à la bourgeoisie des villes, mais ce n’est pas agréable du tout, et il ne faut pas s’étonner si elle se montre embarrassée et gauche au milieu de ses nouveaux amis, ses ci-devant ennemis.

Il ne faut pas s’étonner si malgré son intelligence supérieure, désorientée dans ce monde qui n’est et qui ne pourra jamais être le sien, elle se laisse dominer aujourd’hui par la brutalité du sabre et par la sottise imperturbable, complète, harmonieuse, invincible de la bourgeoisie rurale. Ces honnêtes campagnards, initiés dès l’enfance à tous les mystères du goupillon et de la sorcellerie rituelle de l’Église, sont dans la sacristie comme chez eux. Ils n’ont plus d’autre patrie, et c’est là qu’il faut chercher le secret de leur politique. Leur imbécillité, artificiellement cultivée par l’Église, et qui leur donne une si grande supériorité morale sur l’intelligence démoralisée et déchue de la bourgeoisie des villes, les rend naturellement incapables de diriger cette force qu’elle leur donne. Sous le rapport de l’intelligence, de l’organisation et de la direction politiques, la bourgeoisie des villes, malgré sa dé-