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pions inébranlables de la sainte Église, les héros modernes de la foi ; cet héroïsme d ailleurs ne leur demandant le sacrifice d’aucune jouissance matérielle, ni d’aucun avantage social, puisque la sainte Église les leur garantit au contraire pleinement aujourd’hui ; mais seulement le sacrifice de leur honneur, de leur libre arbitre dans les affaires de la religion et de la politique, le sacrifice de leur libre pensée. Eh bien, franchement, ce sacrifice ne leur coûte rien. L’honneur ! il y a déjà bien longtemps que la noblesse française en a perdu la mémoire et le sens. Quant à ce qu’on appelle la libre pensée, cette noblesse a pour elle, depuis le commencement de ce siècle, une répugnance, une horreur qui ne le cèdent pas en intensité à celles des prêtres. Elle est si bien ferrée sur ce point, qu’on peut être certain qu’aucune idée nouvelle, aucune nouvelle découverte de la science, qui serait en contradiction avec les enseignements de l’Église, ne pourra franchir le mur d’airain ou plutôt ne pourra transpercer l’épaisse couche de graisse que son éducation religieuse, sa paresse, son indifférence, sa sottise, son grossier égoïsme et sa crasse ignorance ont formée autour d’elle.

On comprend que cela lui donne un immense avantage sur la bourgeoisie des villes, qui, |27 — tout en reconnaissant aujourd’hui l’utilité, que dis-je, l’implacable nécessité de la plus brutale réaction religieuse, militaire et policière, cette réaction étant désormais l’arme unique qu’elle sache et qu’elle