Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gence même et son instruction supérieure le condamneront à une faiblesse invincible, et, faible, il se laissera fatalement entraîner par ceux qui se sentiront et qui seront en effet les plus forts. Ah oui, ces bons bourgeois de France devront brouter de l’herbe comme Nabuchodonosor !

Les plus forts, aujourd’hui, ce sont les nobles ducs, les marquis, les comtes, les barons, les riches propriétaires, en un mot toute la bourgeoisie de campagne ; ce sont aussi les francs coquins de la bande bonapartiste, les fashionables brigands : hommes d’État, prélats, généraux, colonels, officiers, administrateurs, sénateurs, députés, financiers, gros ou petits fonctionnaires et policiers formés par Napoléon III. Pourtant il est nécessaire d’établir une distinction entre ces deux catégories qui sont appelées à se donner la main aujourd’hui, comme elles se la sont déjà donnée d’ailleurs sous le second Empire.

La bande bonapartiste ne pèche ni par sottise ni par ignorance. En tant que représentée par ses chefs, |22 elle est même, au contraire, très intelligente, très savante. Elle n’ignore pas le bien et le mal, comme nos premiers parents avant d’avoir goûté le fruit de l’arbre de la science, ou comme le fait en partie de nos jours la classe bourgeoise rurale à laquelle une sainte et crasse ignorance et la profonde stupidité inhérente à l’isolement de la vie de campagne ont refait une sorte de virginité. Quand les bonapartistes font le mal, et ils ne peuvent faire que cela,