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sent. Ce qui domine parmi les gentilshommes actuels, ce n’est plus le sentiment, c’est la sottise et la |17 crasse ignorance ; ce n’est point le dévouement chevaleresque, héroïque, fanatique, c’est la phrase de tout cela, masquant d’hypocrites calculs. Au fond de tout cela, je le répète encore, il n’y a de réel qu’une ambition misérable, une vanité ridicule, une cupidité féroce, et un besoin insatiable de grossières jouissances matérielles, — c’est-à-dire tout le contraire du vrai sentiment religieux. Toutes ces tendances ignobles, qui caractérisent aujourd’hui la noblesse ou la bourgeoisie rurale de France, se sont groupées sous le drapeau de l’ultramontanisme.

Cette classe est ultramontaine, parce qu’elle est élevée en très grande partie par les Jésuites, et habituée dès l’enfance à l’alliance des prêtres, sans lesquels elle ne parviendrait jamais à dominer les campagnes ; jalouse d’ailleurs de la bourgeoisie des grandes villes qui l’écrase par son intelligence et par une civilisation beaucoup plus largement développée, elle considère l’Église comme le plus sûr garant de son pouvoir politique et de ses privilèges matériels, et lui sacrifie volontiers l’État, c’est-à-dire la patrie, qui garantit au contraire davantage les intérêts et le pouvoir exclusif de la bourgeoisie des grandes villes.

De son côté, cette dernière, fidèle en cela à ses antiques traditions, donne à l’État le pas sur l’Église. Elle n’est pas devenue religieuse, mais elle