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contraire entre les mains des propriétaires et condamnait ces derniers à la pauvreté. Aussi la révolution de Juillet mit fin à toutes ces tentatives saugrenues de retour au moyen âge. La propriété terrienne se mobilisa, en se mariant avec le capital, et en se soumettant forcément à toutes les vicissitudes de la production capitaliste.

Aujourd’hui les grands propriétaires de la terre, comme les autres capitalistes, sont des fabricants, des spéculateurs, des marchands. Ils spéculent et jouent beaucoup à la Bourse, achètent et vendent des actions, prennent part à toute sorte d’entreprises industrielles réelles ou même fictives, et vendent toutes choses, leur conscience, leur religion et leur honnêteté avant tout.

Le sentiment social, jadis si exclusif, de la noblesse, se mobilise et s’embourgeoise en même temps que sa propriété. Jadis une mésalliance était considérée comme une honte, comme un crime. À partir du premier Empire, sous la Restauration même, et surtout sous le régime de Juillet, elle devint un lieu commun. La noblesse appauvrie par la Révolution et non suffisamment indemnisée par le milliard que lui |14 avait donné la Restauration, avait besoin de refaire sa fortune. Ses fils épousèrent des bourgeoises, et elle donna ses filles à des bourgeois. Elle souffrit même que ces derniers s’affublassent de titres nobiliaires auxquels ils n’avaient aucun droit. Elle s’en moqua, c’est vrai, mais elle ne s’y opposa pas. D’abord ces usurpations