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Vingt-cinq années d’émigration forcée avaient suffi pour embourgeoiser complètement la noblesse de France. La révolution de 1830 la transforma définitivement en une catégorie nouvelle de la classe bourgeoise, celle des propriétaires de la terre, la bourgeoisie rurale.

La bourgeoisie rurale, ci-devant noble, mêlée d’ailleurs à beaucoup de bourgeois et même de paysans pur sang et qui se disent nobles parce qu’ils ont acquis des propriétés plus ou moins respectables et qu’ils font cultiver par des bras salariés, cette bourgeoisie nobiliaire se distingue aujourd’hui de la bourgeoisie proprement dite ou de la bourgeoisie des villes par un plus grand degré de sottise, d’ignorance, et d’outrecuidance. La majeure partie de ses enfants est élevée par les prêtres, par les bons pères de Jésus. Elle est dure, égoïste, sans convictions, sans entraînement, sans honneur, sans idées, mais excessivement vaniteuse et présomptueuse ; avide de confort matériel et de jouissances grossières, capable de vendre, pour quelques milliers de francs, père, mère, frères, sœurs, enfants, mais la bouche toujours pleine de sentences morales puisées dans les enseignements du catéchisme chrétien ; allant fort régulièrement à la messe, quoique au fond de son cœur elle ne se soucie ni de Dieu, ni du diable, et n’ayant conservé des trois objets consacrés par le culte antique de ses pères : patrie, trône et autel, que les deux |8 derniers.

La noblesse de France n’est plus patriote, elle est