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guerre au couteau et à la torche, ainsi que nous l’avons vu jadis en Espagne et plus tard en Russie, lorsque les Russes répondirent à l’invasion de Napoléon Ier par l’incendie de Moscou ; ainsi que nous venons de le voir enfin dans cette héroïque cité de Paris, dont le prolétariat magnanime, prenant au sérieux une magnifique expression qui n’avait été qu’une phrase dégoûtante et hypocrite dans la bouche de Messieurs Jules Favre et compagnie, a préféré s’ensevelir sous les ruines, plutôt que de se rendre aux odieux étrangers de Versailles unis aux Prussiens |3 de Saint-Denis, — il s’agissait de savoir quelle partie de la société française trouverait en elle assez d’énergie, de grandeur intellectuelle et morale, d’abnégation, d’héroïsme et de patriotisme pour faire cette révolution et cette guerre, pour accomplir cet immense sacrifice au prix duquel seulement la France pouvait être sauvée ?

Pour quiconque connaissait un peu le moral et l’esprit actuel des classes possédantes, qui, par dérision sans doute, s’appellent les classes supérieures, cultivées ou lettrées, il devait être évident qu’il ne fallait rien attendre de ce côté pour le salut de la France ; rien que des phrases plus ou moins hypocrites et qui sont toujours ridicules et odieuses, parce que, impuissantes quand elles promettent le bien, elles ne deviennent sérieuses que lorsqu’elles prédisent le mal ; rien qu’ineptie, trahison et lâcheté. Quant à moi, je ne pouvais conserver sur ce point