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puisqu’ils constituaient la majorité dans la Commune, et qui, en outre, possédaient à un degré infiniment supérieur l’instinct politique, la tradition et la pratique de l’organisation gouvernementale, aient eu d’immenses avantages sur les socialistes ? Ce dont il faut s’étonner, c’est qu’ils n’en aient pas profité beaucoup plus qu’ils ne l’ont fait, qu’ils n’aient pas donné au soulèvement de Paris un caractère exclusivement jacobin, et qu’ils se soient laissé, au contraire, entraîner dans une révolution sociale.

Je sais que beaucoup de socialistes, très conséquents dans leur théorie, reprochent à nos amis de Paris de ne s’être pas montrés suffisamment socialistes dans leur pratique révolutionnaire, tandis que tous les aboyeurs de la presse bourgeoise les accusent au contraire de n’avoir suivi que trop fidèlement le programme du socialisme. Laissons les ignobles dénonciateurs de cette presse, pour le moment, de côté ; je ferai observer aux théoriciens sévères de l’émancipation du prolétariat qu’ils sont injustes envers nos frères de Paris ; car, entre les théories les plus justes et leur mise en pratique, il y a une distance immense qu’on ne franchit pas en quelques jours. Quiconque a eu le bonheur de connaître Varlin, par exemple, pour ne nommer que celui dont la mort est certaine, sait combien, en lui et en ses amis, les convictions socialistes ont été passionnées, réfléchies et profondes. C’étaient des hommes dont le zèle ardent, le dévouement et la bonne foi n’ont jamais pu être mis en doute par