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les ouvriers, devenus des citoyens et nos frères, continuent de nous obéir ; qu’ils se laissent exploiter par nous, comme il convient à des frères cadets, et nous serons, républicains de tout cœur et plus que vous-même. Sinon, non. Nous préférons Henry V, les Orléans, et même l’infâme Bonaparte, à votre république qui nous ramènerait le spectre rouge. »

Les ouvriers répondent, d’un autre côté : « Nous ne connaissons pas la haine, mais nous avons l’amour de la justice et de l’égalité. Notre défiance n’est que trop légitime. N’avons-nous pas été les victimes et les dupes éternelles de toutes les ambitions et de toutes les convoitises bourgeoises, qui, après avoir conquis le pouvoir par la puissance de nos bras, ne s’en sont servis que pour nous mieux exploiter. De cette exploitation, nous en avons assez. Nous ne voulons plus être ni victimes, ni dupes. Vous nous demandez de la confiance pour nos frères aînés. Fort bien, nous la leur donnerons, mais à deux conditions. D’abord, qu’ils cessent de se poser en aînés, et de nous traiter comme on traite les cadets. Sous le régime de |107 l’égalité, ces différences sont absurdes. Et ensuite, pour mériter cette confiance, qu’ils cessent de nous dominer et de nous opprimer par leurs capitaux et de nous dérober le produit de notre travail ; qu’ils mettent leur position économique et sociale au niveau de la nôtre, et qu’ils deviennent des travailleurs comme nous-mêmes. Alors nous les embras-