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tué à organiser lui-même ses propres affaires, que, le |101 considérant comme un mal inévitable, fatal, il continue de le suivre encore, tout en le maudissant du fond de son cœur.

Cette hostilité sourde et sournoise des masses contre le pouvoir se manifeste aujourd’hui par leur indifférence invincible pour toutes les formes du pouvoir. « Empire, royauté constitutionnelle, ou république, qu’est-ce que cela nous fait ? Pour nous, ce sera toujours la même chose : le même poids à porter, les mêmes impôts à payer », — c’est ainsi que raisonnent les paysans. Les ouvriers des villes ne raisonnent pas tout à fait de la même manière : ils ont salué avec bonheur l’avènement de la République ; ou plutôt, ce sont eux-mêmes qui l’ont proclamée, à Lyon, à Paris, à Marseille, et dans toutes les autres cités de France. Les ouvriers de Paris l’ont même proclamée malgré M. Gambetta et tous les autres républicains du Corps législatif. Ils la leur ont imposée.

Faut-il en conclure que les ouvriers de France ne soient rien que des républicains, et que pour eux la république soit le dernier mot de tout progrès politique et social ? Ce serait tomber dans une étrange erreur. Qui ne sait que ce sont les ouvriers de Belleville, les électeurs de M. Rochefort, qui ont principalement pris l’initiative de la proclamation de la République à Paris, et qui ne sait que les ouvriers de Belleville en particulier, et en général tous les ouvriers de Paris, sont profondément et passionné-