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tera sa main audacieuse sur les fondements économiques de la servitude du peuple. La révolution sociale et la révolution politique seront donc réellement inséparables, comme elles doivent l’être en effet, puisque la première sans la seconde serait une impossibilité, un non-sens ; et la seconde sans la première, une fourberie.

La révolution politique, contemporaine et réellement inséparable de la révolution sociale, dont elle sera pour ainsi dire l’expression ou la manifestation négative, ne sera plus une transformation, mais une liquidation grandiose de l’État, et l’abolition radicale de toutes ces institutions politiques et juridiques, qui ont pour objet l’asservissement du travail populaire à l’exploitation des classes privilégiées. En même temps qu’elle renversera la puissance économique des propriétaires, des capitalistes, des patrons, elle détruira la domination politique |98 de tous les soi-disant représentants couronnés ou non couronnés de l’État, depuis les empereurs et les rois jusqu’au dernier gendarme ou garde champêtre, de tous les grands et les petits corps de l’État, de toutes les classes et de tous les individus qui — au nom d’un pouvoir fondé, pour les uns sur le droit divin, et pour les autres sur l’élection populaire et sur le suffrage universel, aveuglément ou servilement pratiqué par les masses, méchamment exploité et détourné de son but par les exploiteurs de ces masses — se posent vis-à-vis d’elles en seigneurs et maîtres. La révolution sociale balaiera