Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dernière, — sera essentiellement une liberté bourgeoise, c’est-à-dire fondée sur l’esclavage économique du peuple, et par conséquent incapable de produire son contraire et de créer cette égalité économique et sociale qui implique la destruction de la liberté exclusive des bourgeois ?

Ces étranges démocrates socialistes sont-ils les victimes d’une erreur, ou des trompeurs ? Voilà une question très délicate, et que j’aime mieux ne point approfondir. Ce qui est certain pour moi, c’est qu’il n’y a point aujourd’hui de pires ennemis du |97 peuple que ceux qui cherchent à le détourner de la révolution sociale, la seule qui puisse lui donner et la liberté réelle, et la justice et le bien-être, pour l’entraîner de nouveau dans les expériences décevantes de ces réformes ou de ces révolutions exclusivement politiques, dont il a toujours été l’instrument, la victime et la dupe.

La révolution sociale n’exclut nullement la révolution politique. Au contraire, elle l’implique nécessairement, mais en lui imprimant un caractère tout nouveau, celui de l’émancipation réelle du peuple du joug de l’État. Puisque toutes les institutions et toutes les autorités politiques n’ont été créées, en définitive, qu’en vue de protéger et de garantir les privilèges économiques des classes possédantes et exploitantes contre les révoltes du prolétariat, il est clair que la révolution sociale devra détruire ces institutions et ces autorités, non avant, ni après, mais en même temps qu’elle por-