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C’est enfin une loi économique parfaitement démontrée et acceptée comme certaine par tous les économistes consciencieux, que jamais le taux du salaire de l’ouvrier ne s’élève beaucoup au-dessus, ni ne s’abaisse beaucoup au-dessous de ce que l’ouvrier doit journellement dépenser pour ne point mourir de faim ; car s’il s’élève au-dessus, l’affluence des travailleurs offrant leur travail le fait tomber bientôt ; et, par contre, lorsque le salaire est insuffisant pour permettre à l’ouvrier de se procurer tous les objets indispensables à l’existence d’un homme civilisé, les travailleurs se voient frappés de souffrances, d’inanition, de maladie et de mort, ce qui, en diminuant leur nombre, fait nécessairement hausser le taux du salaire.

|92 Telles sont les lois économiques qui déterminent la situation des travailleurs dans les pays les plus civilisés et les plus prospères de l’Europe et du monde. Il en résulte évidemment ceci, que les progrès de la civilisation bourgeoise et le développement progressif de l’industrie et du commerce n’impliquent nullement l’amélioration de la situation matérielle et morale des masses ouvrières ; mais qu’au contraire ils ouvrent entre le monde bourgeois et le monde ouvrier un abîme qui devient chaque jour plus profond et plus large, la prospérité croissante du premier étant fondée sur la misère proportionnellement croissante du dernier.

Il en résulte encore ceci que, dans les pays politiquement les plus démocratiques, les plus libres, tels