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Dans ces mêmes pays tant admirés à cause de la liberté politique dont ils ont le bonheur de jouir, aussi bien que dans tous les autres pays de l’Europe où l’industrie moderne, fondée exclusivement sur la concurrence et sur la liberté absolue des transactions commerciales, a pris un large développement, tout en constatant l’accroissement rapide de la richesse nationale, la statistique moderne a constaté en même temps deux faits déplorables et qui se reproduisent toujours et partout avec une constance, que dis-je, avec une progression d’autant plus menaçante qu’ils ne sont pas les produits de circonstances extérieures, passagères et fortuites, mais des conséquences nécessaires et fatales de l’organisation économique de la société actuelle.

En premier lieu, on a constaté qu’à mesure que la richesse nationale s’accroît, loin de se répandre sur un plus grand nombre de personnes, elle tend au contraire à se concentrer entre les mains de quelques heureux, dont la richesse déjà excessive augmente chaque jour, mais dont le nombre diminue presque en même proportion. Ceci est un effet fatal de la concurrence. Les grands capitaux tuent les petits capitaux. Le grand commerce et la grande industrie étouffent le commerce et l’industrie des petites gens, et même ceux des bourgeois à moyenne fortune, et rejettent les uns comme les autres dans le prolétariat.

|88 En même temps on a constaté un autre fait encore plus désolant : c’est que l’accroissement pro-