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derne. Je le répète, M. Gambetta est tout à fait l’antipode de M. Rochefort. Ils ont ceci de commun, que l’un et l’autre ignorent également les besoins actuels du peuple ; avec cette différence énorme, que M. Rochefort s’est au moins efforcé de les comprendre, sans doute pour chercher les moyens de les satisfaire ; tandis que M. Gambetta, poussé autant par son tempérament à la fois artistique et bourgeois que par le principe qu’il a adopté comme base de sa politique, semble avoir le parti pris de les ignorer toujours.

Depuis que M. Gambetta s’est manifesté par son premier réquisitoire éloquent contre l’empire, j’ai étudié avec un soin scrupuleux, non ses actes, — cela m’eût été difficile, puisque voilà trente-cinq jours qu’il est le membre le plus important, et, comme tout le monde l’affirme, le plus actif du gouvernement de la Défense nationale[1], et il n’a pas encore accompli un seul acte sérieux jusqu’ici, — mais tous les discours qu’il a prononcés, soit à Marseille, soit à Paris, sans oublier la fameuse lettre qu’il a adressée au Progrès de Lyon, avec l’intention évidente de faire connaître au monde sa profession de foi politique.

Il faut lui rendre cette justice, que, dans toutes

  1. De cette phrase il résulterait que Bakounine aurait écrit la présente page le 9 octobre. Mais il a parlé, à la page 38 de son manuscrit, de la prise d’Orléans (voir p. 129), qui eut lieu le 11 octobre. Peut-être le bruit de la prise d’Orléans avait-il couru prématurément à Marseille, au moment où Bakounine écrivait sa page 28. — J. G.