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saire pour l’étudier et pour devenir un excellent socialiste en peu de temps. Le fait est que dans le journal qu’il fonda, la Marseillaise, il n’a pas écrit un seul mot qui eût le moindre rapport avec les questions sociales ; mais il avait souffert que d’autres en parlassent, et, par le temps qu’il faisait, c’était déjà beaucoup.

Ce qui prouva plus que toute autre chose la sincérité de M. Rochefort, ce fut son acceptation franche et entière du mandat impératifs qui avait été si fortement combattu, il y a quatre-vingts ans, par Mirabeau, le vrai fondateur de la puissance de la bourgeoisie, et qui détruit en effet dans sa racine mère la domination politique de cette classe. Car du moment que les délégués du suffrage universel peuvent être révoqués en tout temps par leurs électeurs, ils ne constituent plus une assemblée souveraine, mais une réunion de commis populaires. Ils deviennent en effet les serviteurs du peuple, et cessent de le gouverner comme s’ils en étaient les seigneurs.

En acceptant le mandat impératif, M. Rochefort avait donné une sorte de soufflet à tous les |83 soi-disant représentants de la démocratie au Corps législatif. Vis-à-vis de la démocratie, c’est-à-dire du gouvernement du pays par le peuple, lui seul avait conservé une position sincère et sérieuse ; il continuait d’en être le fidèle et le scrupuleux serviteur, au sein même du Corps législatif, comme il l’avait été au moment de son élection ; tandis que tous les autres n’avaient sollicité et obtenu la confiance du