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Prussiens ? Pourquoi ne leur conseille-t-elle pas enfin d’abdiquer, étant prouvé que leur intelligence de la situation est nulle et que leur puissance d’action est débile ? Pourquoi ne les pousse-t-elle pas, au nom du salut de la France, à remettre au peuple, le seul vrai patriote qui reste aujourd’hui à la France, le soin de l’organisation et de la direction de la défense nationale ?

Ah ! c’est que les rédacteurs de toutes ces feuilles, républicaines en apparence, mais en réalité tout à fait bourgeoises, savent fort bien que les bourgeois ne sont pas d’humeur à se laisser dire de pareilles vérités. Ils connaissent si bien cette bourgeoisie dont ils défendent les intérêts et les soi-disant droits, qu’ils n’ont aucune espérance de la convaincre. Ils savent que chez les « frères cadets », dans le peuple, il y a assez de passion généreuse pour qu’en lui parlant de patrie et de République on puisse le pousser à l’oubli et au sacrifice de ses intérêts les plus chers. Mais que dans |81 les « frères aînés » de la civilisation moderne, dans ces bourgeois qui se sont emparés de tout, qui possèdent tout, et qui, profitant de tout, cherchent à exploiter maintenant jusqu’à la catastrophe qui frappe le pays, il ne reste plus d’autre passion que la passion du lucre ; et que, si on leur parlait de justice et de la nécessité de sacrifier une partie de leur fortune, acquise par les moyens que l’on sait, à la délivrance de cette patrie qui ne s’est montrée qu’une marâtre pour le pauvre cadet, pour le peuple, mais qui a toujours été pour eux une mère