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qu’en agissant ainsi vous vous êtes aliéné la foi et les sympathies populaires, et que vous vous êtes attiré la haine irréconciliable de ce peuple, votre allié si utile au siècle passé, et sans le concours présent duquel vous ne seriez jamais arrivés à la position que vous occupez maintenant ? M. Léon Gambetta, notre maître à tous, prétend que vous, les bourgeois, vous êtes les frères aînés du prolétariat, sans doute au point de vue de la civilisation, du sentiment moral et du développement supérieur des idées démocratiques et républicaines. Alors agissez comme doivent le faire des frères aînés, prêchez d’exemple ; sacrifiez-vous et sacrifiez au moins une partie de ces intérêts qui vous sont plus chers que la vie, ne fût-ce qu’une petite portion de vos intérêts matériels, pour mettre fin à cette haine malheureuse et fatale qui menace la liberté |80 et jusqu’à l’existence même de votre patrie. Rappelez-vous la terrible leçon de Juin 1848. La fureur que vous avez manifestée contre le prolétariat en Juin a tué la République, trois ans plus tard, en Décembre. En sévissant contre le peuple, vous avez créé la dictature immonde de Napoléon III. »

Pourquoi la presse radicale ne recommande-t-elle pas aux bourgeois d’avoir confiance dans le peuple ? Pourquoi ne leur dit-elle pas que paralyser par tous les moyens l’élan populaire, le soulèvement en masse et l’armement du peuple, son organisation spontanée pour le salut de la France, comme ils le font partout aujourd’hui, c’est livrer la France aux