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bougez ou proférez seulement une menace, ils seront capables non seulement de renoncer à cette République qu’ils n’aiment plus, et qu’ils n’ont acceptée aujourd’hui que par nécessité, mais de livrer encore le pays aux Prussiens ! »

N’est-il pas en effet remarquable qu’au sein de cette presse républicaine bourgeoise, qui, au nom de la République et du patriotisme, demande aujourd’hui au peuple tous les sacrifices possibles et même impossibles, il ne se soit pas élevé une seule voix pour exiger, au nom de cette même patrie et de cette même République, le moindre sacrifice des bourgeois ? Pourquoi |79 aucun de ces républicains exaltés, qui remplissent de leur patriotisme ardent les colonnes de la presse radicale, n’a-t-il eu le courage ou l’idée de dire aux bourgeois : « Vous êtes des gueux et des traîtres ! La France se trouve en danger d’esclavage et de mort ; elle ne peut être sauvée que par un formidable soulèvement populaire. Mais un soulèvement désarmé serait impuissant ; il faut beaucoup d’armes et de munitions ; et pour en acheter et en fabriquer, aussi bien que pour organiser et pour faire marcher cette immense armée populaire, il faut beaucoup d’argent. Cet argent, vous le retenez dans vos poches. Au nom du patriotisme et de la République, au nom du salut de la France, nous vous sommons de lui faire voir le jour. »

Pourquoi ne lui disent-ils pas encore ceci :

« Cessez donc d’opprimer le peuple et d’exploiter iniquement son travail. Ne voyez-vous donc pas