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restent invariablement les mêmes, constituent l’unique base de son patriotisme : c’est la conservation et l’accroissement de ses biens matériels ; c’est l’exploitation privilégiée du travail national et de toutes les transactions pécuniaires, du commerce et de l’industrie du |78 pays. Si vous la laissez en jouir tranquillement, elle sera votre amie, et elle sera patriote autant que vous pourrez le désirer, patriote au point de se priver de votre travail, et de vous envoyer mourir pour la patrie. Mais pour peu que vous l’inquiétiez dans la jouissance exclusive de la richesse nationale produite exclusivement, il est vrai, par le travail de vos mains, elle se tournera furieuse contre vous. Ce dont la bourgeoisie a besoin pour conduire à bonne fin ses petites affaires, c’est de la tranquillité publique, c’est de l’ordre public, conditions essentielles du crédit ; c’est d’un gouvernement raisonnable et fort, exercé exclusivement à son profit ; c’est enfin de la patience et de l’absolue soumission du prolétariat dont le travail l’enrichit. Accordez-lui tout cela, continuez patiemment de vous laisser tondre par elle. Au nom du patriotisme et au nom de la République, nous vous supplions de ne point murmurer et de ne point bouger ; de vous laisser mener, gouverner, diriger par Messieurs les bourgeois, nos patrons et les vôtres, dussiez-vous même voir qu’en vous envoyant tous à la mort ils se refusent eux-mêmes à sacrifier un sou ; dussiez-vous même comprendre que leur gouvernement et leur direction sont fatals au peuple. Car si vous