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M. Glais-Bizoin, ni aucun de leurs compagnons, excepté le seul M. Gambetta, comme des hommes capables de diriger les affaires |74 du pays, même en temps ordinaire. Encore moins pouvait-on les en croire capables dans la situation actuelle de la France, situation tellement désespérée que même la puissance de Danton n’y suffirait pas, et que seulement la puissance collective et révolutionnaire organisée du peuple peut y suffire. Tous ces honorables citoyens ont été considérés par le public comme la queue plus ou moins disciplinée ou récalcitrante du chef reconnu de l’opposition radicale et irréconciliable au Corps législatif, M. Léon Gambetta.

Vers la fin de l’Empire, M. Gambetta était devenu un objet d’admiration, d’espérances unanimes, et d’attente pour toute la bourgeoisie radicale, et comme l’astre levant de toutes les aspirations républicaines en France. Il s’était annoncé avec un certain fracas, et avait étonné le public par l’audace de son attaque éloquente, foudroyante et directe contre l’empire. Cette attaque fut incontestablement un acte de courage civil et un grand service rendu à la France, qui, sous l’influence funeste d’un trop long esclavage, avait perdu la fière habitude de dire tout haut ce qu’elle pense, ce qu’elle sent et ce qu’elle veut. M. Gambetta lui rendit cette parole, il brisa cette lâcheté qui déshonorait la France, et il porta par là même un rude coup à l’empire.

Mais il ne faut pas oublier que, presque en même temps, un autre citoyen, allumant sa lanterne, lui