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toutes les fois qu’ils font des discours, ils parlent de la révolution, et toutes les fois qu’ils agissent, ils font de la réaction ; de sorte que, sans y penser et sans le vouloir, ils se rencontreront tous, tôt ou tard, sous les drapeaux de M. de Bismarck, comme, en 1848, poussés par les mêmes raisons et par cette même contradiction intérieure, ils se sont retrouvés, bien malgré eux sans doute, sous le drapeau du ci-devant sauveur de la France, Napoléon III.

Comme Napoléon III en 1848, Bismarck est aujourd’hui le représentant de la morale officielle et de l’ordre public en Europe. Il tient haut le drapeau de la réaction. La France aura-t-elle l’audace de soulever contre lui le drapeau de la révolution ?

Qu’elle l’ose, et Bismarck et son roi et tous ces principicules allemands, avec leur million de soldats, seront écrasés par la révolution universelle. Car les masses populaires — le prolétariat de tous les pays de l’Europe — n’attendent |68 que le signal du peuple de France. Mais si elle ne l’ose pas, ce sera elle, la France, qui tombera sous les coups du despotisme prussien. Et l’ordre public sera sauvé de nouveau en Europe, comme il le fut en 1848.

Telle est donc la vraie situation de la France, et tel est son unique moyen de salut : ou bien sa délivrance par la révolution universelle et sociale, toute autre révolution étant désormais impossible, et tout mouvement exclusivement politique devant nécessairement aboutir à la réaction, comme celui que le gouvernement italien vient de faire pour