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N’avait-on pas le droit d’espérer qu’en présence d’une catastrophe déjà à moitié accomplie, même des avocats et des républicains modérés, c’est-à-dire réactionnaires et bourgeois, comme Messieurs Jules Favre et Gambetta, des métaphysiciens doctrinaires et pédants comme Messieurs Eugène Pelletan et Jules Simon, des invalides de la démocratie anti-socialiste comme M. Crémieux, des bavards spirituels comme M. Glais-Bizoin, et des orléanistes militaires comme le général Trochu, sentiraient renaître en eux cette grande fièvre révolutionnaire qui avait animé Danton et qui avait sauvé la France en 1792 ?

Le peuple de Paris, qui, au 4 septembre, avait souffert que ces hommes s’emparassent du pouvoir, l’avait sans doute espéré. Il n’avait pu se faire aucune illusion sur leur compte, |63 puisqu’il les avait vus tous à l’œuvre. Mais dans sa magnanime simplicité, il s’était figuré qu’au milieu d’une si affreuse situation, et assumant sur eux une responsabilité si terrible, ces hommes, qui avaient sans doute suffisamment manifesté l’impuissance de leurs caractères et l’étroitesse de leurs vues, comme députés au Corps législatif, seraient prêts maintenant à ne reculer devant aucun moyen nécessaire et à sacrifier tous leurs préjugés, aussi bien que tous les intérêts de leur classe, au salut de la France. Pouvait-il supposer qu’au lieu d’ordonner et d’exécuter immédiatement toutes les grandes mesures de salut, ils s’amuseraient à jouer, comme des enfants vaniteux, au républicanisme