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dans les circonstances présentes, on ose lui promettre, c’est celui de devenir une vice-royauté du futur empereur de l’Allemagne, comme l’Italie de Victor-Emmanuel n’a été rien qu’une vice-royauté de l’empereur des Français.

Je n’ai point l’honneur d’être Français, mais j’avoue que je suis profondément indigné contre toutes ces insultes et profondément désespéré du malheur de la France, de sa chute. Ce que je déplore, ce n’est pas la ruine de sa grandeur comme État. J’ai autant détesté cette grandeur que toutes les autres grandeurs politiques du monde ; parce que toutes ces grandeurs ont toujours et partout la même base : l’asservissement, l’exploitation politique et économique des masses populaires. J’ai été et je reste |61 l’ennemi irréconciliable de tous les États, et je saluerais avec bonheur la ruine de l’État politique de la France, pour peu qu’en sortît l’émancipation économique et sociale du peuple français et de tous les peuples du monde.

Ce que je déplore amèrement, c’est la chute de la nation française ; c’est la déchéance de cette sympathique et grande nature, de ce généreux caractère national, et de cette intelligence lumineuse de la France, qu’on dirait avoir été formés et développés par l’histoire pour qu’ils émancipent le monde. Ce que je déplore, c’est le silence qui sera imposé à cette grande voix de la France qui annonçait, à tous ceux qui souffraient et qui étaient opprimés, la liberté, l’égalité, la fraternité, la justice. Il me