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et de toutes les conquêtes de la liberté ; cette France dont l’histoire depuis 1789 et 1793 n’a été rien qu’une protestation énergique et qu’une lutte incessante de la lumière contre les ténèbres, du droit humain contre les mensonges du droit divin et du droit juridique, de la République démocratique, sociale et universelle contre la coalition tyrannique des rois et des classes exploiteuses et privilégiées ; cette France à laquelle s’attachent encore aujourd’hui toutes les espérances des nations opprimées et des peuples esclaves, elle est en train de périr. Elle est menacée du sort de la Pologne. Sa puissance, qui jadis faisait pâlir tous les tyrans de l’Europe, elle est tombée si bas maintenant |60 que toutes ces monarchies, rassurées par sa chute, osent impunément l’insulter, lui exprimer leur pitié hypocrite et dédaigneuse, lui adresser leurs admonestations, leurs conseils ; que tous les petits souverains plus ou moins microscopiques de l’Allemagne, vassaux du roi Guillaume, leur empereur futur, et qui tremblaient hier devant le seul nom de la France, osent aujourd’hui, entourés de leurs aides-de-camp, fouler, violer son territoire. Que dirai-je enfin ! même les bourgeois républicains de la Suisse, dont la lâche complaisance vis-à-vis de Napoléon III n’avait point de bornes, il y a quelques mois à peine, osent aujourd’hui rêver tout haut l’agrandissement et l’arrondissement de la République helvétique au détriment de cette France renversée sous le pied de l’autocrate prussien. Enfin le meilleur sort que,