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détruit les armées françaises ? Sont-ils furieux contre la trahison de l’empereur et de ses généraux, secondent-ils de tous leurs efforts l’armement de la République ? Pas du tout, ils font tous les efforts possibles pour maintenir chez les soldats le culte de l’empire, la fidélité à l’empereur, et la haine de la République. Ils conservent comme des reliques les aigles impériales, et, s’il ne tenait qu’à eux, le peuple qui se soulève partout au nom du salut de la France n’aurait ni une pincée de poudre, ni un seul fusil.

|52 Ce que je viens de dire là peut être chaque jour constaté dans toutes les villes de France où se trouvent des troupes régulières. Tous les journaux n’ont-ils point raconté que lors de la dernière grande revue des gardes nationales parisiennes et des gardes mobiles des provinces, faite par le général Trochu à Paris, beaucoup de bataillons de mobiles n’avaient pas répondu au cri de « Vive la République », parce que leurs officiers, nommés sous l’empire, le leur avaient expressément défendu ? Enfin ce qui vient de se passer à Lyon, la conduite, les manifestations et les actes ultra-réactionnaires du général Mazure et de ses officiers, leurs menaces contre le peuple qui réclamait des armes, leur hostilité contre la République et l’arrestation des soldats qui avaient osé exprimer leur sympathie pour elle, tout cela démontre, d’une manière éclatante, l’incompatibilité d’humeur absolue qui existe entre les institutions républicaines et les états-majors de l’armée impériale. Qu’il y ait des exceptions, c’est possible, c’est même