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nulle part, de la lâcheté partout. Tout cela constitue sans doute le crime de haute trahison envers la France. Mais pouvez-vous citer un seul exemple de la trahison d’un haut ou petit fonctionnaire envers l’empereur ? La vue de cette malheureuse France, livrée par la trahison de Napoléon III et se débattant désarmée sous le pied des Prussiens, a-t-elle seulement arraché un cri de remords et d’indignation à aucun des serviteurs de l’empereur ? En a-t-elle converti et tourné un seul contre lui ?

Qu’on relise tous les débats du Corps législatif |51 et du Sénat depuis leur dernière convocation jusqu’à leur dispersion par le peuple : il y avait là réunie toute la fine fleur, la quintessence des bonapartistes officiels et officieux. Eh bien, à la nouvelle de tous ces désastres, même après l’affreuse trahison de Sedan, y eut-il une seule parole de réprobation contre l’empereur prononcée par l’un d’eux ? Au contraire, tout ce qu’ils dirent, tout ce qu’ils firent fut contre la France et pour lui. Voyez encore à présent, que font-ils ? Ils intriguent, ils conspirent pour le rétablissement de l’empire. Et depuis que l’empereur est devenu le prisonnier et le protégé des Prussiens, ils conspirent pour les Prussiens, et trouvent fort mauvais qu’on pense à leur résister.

Que font, au milieu des troupes parsemées sur beaucoup de points de la France, les généraux et les officiers qui continuent de les commander grâce à la criminelle faiblesse du gouvernement de la Défense nationale ? Sont-ils désolés des désastres qui ont