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eût été bien bête, bête au point de ne pas avoir été en état de comprendre qu’en servant l’empire, il contribuait à tuer la France.

Il en résulte donc ceci, que l’empire n’a pu se servir que de deux sortes de dévouement : du dévouement des coquins, ou de celui des gens excessivement incapables.

Ne troublons pas le sommeil des ânes, et parlons des coquins. Tout coquin est un être sans foi ni loi ; mais alors, comment s’assurer de son dévouement ? Évidemment, il faut l’intéresser. Mais ce n’est pas assez. Par intérêt il se donnera à vous aujourd’hui ; demain, attiré par un intérêt nouveau, il vous trahira. Il faut donc lui rendre cette nouvelle trahison impossible, il faut le compromettre, et le rendre tellement solidaire de vos crimes, qu’il ne puisse jamais vous abandonner |49 sans un immense danger pour lui-même.

C’est ainsi qu’en agissent avec leurs nouveaux candidats toutes les hautes polices de l’Europe et les bandes de brigands du monde entier. Les unes comme les autres ne donnent leur confiance qu’à ceux qui se sont tellement compromis à leur service que leur retour dans la société des honnêtes gens est devenu à tout jamais impossible. C’est ainsi qu’en a agi, avec tous ses fonctionnaires quelque peu intelligents, le gouvernement de Napoléon, qui n’était autre chose en réalité qu’une haute police et une bande de brigands à la fois.

Aussi dois-je rendre cette justice à l’administra-