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dans sa vie ? Ces quelques centaines de mille gredins qui constituaient le personnel policier, militaire, judiciaire, électif, financier et civil de l’empire ne formaient-ils pas, ne forment-ils pas encore une bande immonde, une vaste conspiration du crime, pour la ruine de la France ? Et on se servirait de cet instrument pour sauver la France !

Serait-il encore besoin de prouver la malhonnêteté et l’incapacité profonde de cette bande ? Armée, gardes mobiles, forteresses, vaisseaux, armes, munitions, habillement et approvisionnement de l’armée, tout cela n’existait que sur le papier. Elle en avait mis la réalité immense dans ses poches. Quant à son incapacité gouvernementale, administrative et bureaucratique, on peut en juger par celle des officiers de l’armée. L’empire avançait et protégeait non les plus intelligents, les plus instruits et les plus capables, mais les plus serviles, les plus lâches, les plus criminels, les plus fourbes. Il n’encourageait qu’un seul genre d’esprit, celui de la haute et de la basse coquinerie. Il y avait bien quelques grandes et très intelligentes canailles à la tête du gouvernement et de l’administration, des hommes forts, qu’on dirait échappés des romans de Balzac : les Morny, Saint-Arnaud, Fleury, Baroche, Maupas, Persigny, Pietri, Billault, Haussmann, Fould, Dupin, Walewski, Rouher ; plus tard le renégat de la démocratie, Ollivier ; et, dès le principe, le renégat de tous les drapeaux et de toutes les idées, Émile de Girardin ; et quelques autres encore